L’âge de la machine

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Par Yorgos Karouzakis

La photographie de Lewis Hine, Powerhouse Mechanic (1920) est une des photographies emblématiques du début des années 1920. Il s’agit d’une sorte de représentation visuelle de l’époque du sublime industriel, du travail des ouvriers à l’âge de la machine. Cette photographie marque aussi un moment transitoire de l’art de la photographie: la transition des valeurs du pictorialisme à celles du modernisme. C’est, apparemment, une image du mouvement documentaire, mais Lewis Hine nous montre qu’il veut exploiter et interpréter les éléments de la réalité, en présentant une idée unique.

Lewis_Hine_selfportrait
Lewis Hine

Lewis Wickes Hine est né en 1874 dans la ville d’Oshkosh, Wisconsin en Amérique. Après la mort de son père, il a commencé de travailler dans une usine de meubles pour soutenir sa famille et là il a vu de près les difficultés et les souffrances de la classe ouvrière américaine. Au début des années 1900, Il est entré au collège de formation d’enseignants à New York. Ce choix l’a conduit, quelque temps plus tard à la carrière de photographe.

Généralement, parmi les nombreux sujets choisis par les photographes Modernistes la machine a été l’un de leurs favoris. Ce fut, après tout, l’âge de la machine, un moment de grand enthousiasme et de célébration de la puissance mécanique. De plus, les formes abstraites de l’industrie se prêtaient à l’intérêt des Modernistes pour l’abstraction.

En observant la photographie de Hine – elle se trouve aujourd’hui au Cleveland Museum of Art dans l’Ohio, en Amérique – on peut réaliser que l’auteur a créé une image avec un soin extrême. Elle n’appartient pas à la catégorie de la photographie – documentaire que le photographe a prise se trouvant dans le lieu approprié au moment approprié. Lewis Hine semble avoir orchestré et dirigé soigneusement son sujet. Il a tenté une sorte d’interprétation de la réalité. Il a choisi de valoriser une partie spécifique de la machine, d’un point de vue particulier: L’homme de la photographie a un corps d’un certain type, robuste et viril. Tous des éléments qui révèlent pleinement l’idée de synergie entre l’homme et la machine en formant un ensemble compact. Il semble que ces deux éléments, l’homme et la machine, ne fonctionnent pas séparément. De plus, l’intensité et la force imposante de la machine, l’effort de l’homme de travailler avec elle, sont des traits qui se dégagent du premier coup d’œil.

Le jeune homme, avec une clé à la main, est légèrement penché en avant. Son corps est posé de façon symétrique à l’intérieur de la partie circulaire de la machine. Cette partie, semble être presque comme un ventre de métal et définit le travail de l’ouvrier. L’homme fait un effort rude contre la machine avec ses muscles tendus. Son regard est aussi déterminé dans un ensemble qui représente la force de la virilité et la peine du travail. Les courbes de la machine renvoient à la féminité liée aussi à la fertilité et la création. En même temps, il paraît que la coexistence du jeune homme musclé et de la machine se traduisent par un geste sensuel.

Le jeune ouvrier luttant contre l’énorme machine en premier plan, occupe la majeure partie de l’image. Son dos voûté du côté de la courbe de la machine, fait paraître son mouvement comme une tâche fastidieuse et éreintante. L’ouvrier est en quelque sorte le héros de son temps et cela est tout à l‘honneur des humains.