Frédéric Back: un poète de l’animation

Vicky Papaefthymiou
Vicky Papaefthymiou

Le 8 avril 1924, à St Arnuald dans la banlieue de la ville de Sarrebruck, dans la région de la Sarre, actuellement appartenant à l’Αllemagne mais à l’époque rattachée à la France, naît un garçon qui va devenir un des plus célèbres dessinateurs, illustrateurs et réalisateurs de films d’animation de notre époque : Frédéric Back.

De parents alsaciens et artistes (père percussionniste, mère dessinatrice) Frédéric manifeste très tôt un intérêt particulier pour le dessin. Il dessine initialement sa chienne et désormais, tout au long de sa vie, ses crayons et pinceaux vont devenir “sa caméra” pour immortaliser des animaux (chiens, vaches, chevaux, chèvres, oiseaux), paysages, scènes de la vie quotidienne, scènes de guerre, traditions. Sa chère Alsace, son Maître si admiré de lui Mathurin Méhent et le style impressionniste vont le marquer et déterminer sa production artistique.

Quelques années après la Libération (1948) il s’établit à Montréal (Canada) où il poursuit sa formation artistique et entre au service de Radio-Canada (1952). Cet enfant de la guerre y travaille avec passion et persévérance comme illustrateur, créateur d’effets visuels, de décors et de maquettes pour de nombreuses émissions culturelles, éducatives et scientifiques.

Dans les années 60, il réalise plusieurs verrières d’églises et de lieux publics, dont la plus connue, celle de la Station de Métro Place –des –Arts à Montréal, assisté de René Dérouin. Cette verrière retrace l’histoire de la musique de la ville.

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Mais ce grand artiste inspiré est avant tout un grand humaniste, un homme tendre et sensible à la beauté de ce monde. Écologiste fervent, il ne cesse de manifester son respect infini pour la nature et les autres cultures, d’exprimer sa tendresse pour les animaux et les enfants, de dénoncer la stupidité de la guerre, les méfaits de l’urbanisation, l’avidité des spéculateurs fonciers. Il désire ardemment changer les choses et rêve d’un monde meilleur, d’un monde plus beau.

Le cinéma d’animation, lui est un excellent moyen pour transmettre son message écologique et sensibiliser les gens à la grande cause de la sauvegarde de la planète. Végétarien de conviction, il se joint à Marguerite Yourcenar qui disait “les animaux sont mes amis et je ne mange pas mes amis”.

Il va se battre pour ses idées jusqu’à la fin de ses jours le 24 décembre 2013 à l’âge de 89 ans. Ce qui fait la particularité de ses films d’animation, c’est d’une part la thématique axée sur la détérioration de la qualité de vie à cause de l’urbanisation, de la disparition d’espèces animales et végétales, de la perte des traditions et la menace du nucléaire et d’autre part les très belles illustrations qui renvoient à des images de conte de fée tant par les couleurs (domination des pastels) que par la finesse et délicatesse des dessins. Ce qui se dégage de ses films, c’est une ambiance poétique, magique, une ambiance de rêve.

Il réalise 9 films d’animation qui le rendent célèbre aux quatre coins de la planète :

1970 “Abracadabra”
1971 “Inon ou la Conquête du Feu”
1972 “La création des Oiseaux”
1975 “Illusion ?”
1977 “Taratata”
1978 “Tout-Rien

1981 “Crac” classé au 6e rang parmi les 50 meilleurs films d’animation des 80 dernières années à Olympiad of Animation de Los Angeles à l’occasion des Jeux Olympiques. Il remporte l’Oscar en 1982

1987, “L’Homme qui plantait des arbres” sur un récit de Jean Giono qui lui vaut son second Oscar et plus de 40 prix et distinctions à des festivals de films d’animation partout dans le monde.

1993 “Le Fleuve aux Grandes Eaux”

À part ces films mentionnés ci-dessus, Frédéric Back réalise de nombreuses séries télévisées, surtout pour enfants pour la Société Radio-Canada à Montréal.

Entre autres

“Chants et Danses du Monde”
-“Le Grenier aux Images”
-“Pépinot et Capucine”
-“La Boîte aux Surprises”

20 prix et distinctions lui sont décernés pour l’ensemble de son œuvre qui est un cri d’angoisse, un appel d’humanisme pour que la beauté et la tendresse l’emportent sur la laideur, la destruction, la violence et la cruauté.